20 oct. 2015

OH MA FRÉ -hips- GATE !

Merci L'ESTIVAL, Merci le Théâtre du Vésinet, et Merci Clarika et Daphné ! Mardi soir était définitivement une soirée d'Ivresses.

On m'a confié une clef pour ouvrir les portes de la nuit, et passé le porche j'ai du pousser les brumes à l'archet, vapeurs d'absinthes à venir et de timidité persistante. J'avais gardé ma salopette de hobo et enlevé mes chaussures, pour être sûre de pouvoir attraper le train en route, parce qu'avec cette semaine de lune rouge, tout se transforme tellement vite. Et tout est passé comme un paysage: les couleurs des rivières bues, des chaises à côté desquelles on s'assoit, des verres qu'on partage et qui sont remplis de questions, des manèges conquis ivres comme on attrape des royaumes.
Et puis, entourées de mystères titubants et de musiciens fatals, Clarika et Daphné ont chanté toutes les ivresses et ramené sur scène les fantômes de Vian de Piaf et d'Amélie Nothomb, tous fin bourrés, évidemment. Moi ça m'a fait tourner la tête. A certains moments je voulais pleurnicher et ricaner en même temps. J'ai fait comme il faut faire dans ces cas là : ne rien dire, et partir se coucher le plus vite possible.

En me réveillant rien n'avait changé: tout était encore tordu, les escaliers, les planchers, les corps. J'ai passé la journée repliée dans certains abris biscornus que je connaissais: librairies infinies, greniers sans ordre, pour trouver un peu d'équilibre. Finalement hier soir, en espérant toujours remettre la main sur cette fichue symétrie, et aussi un peu en hommage, j'ai fini la bouteille de vin.
Eh bien ça n'a rien changé : mon coeur était toujours à l'envers. C'était donc de sa faute, avec la lune, et la musique. Rien à faire, à part profiter de l'ivresse . J'ai repensé à toutes les excuses poétiques que j'avais désormais. Tant qu'on se souvient comment réciter le condamné à mort, c'est que ça va, je me suis dit, en rejoignant mon lit. "Ô traverse les murs, s'il le faut, marche au bord des toits, des océans, couvre-toi de lumière, use de la menace, use de la prière, mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort." et les frégates vacillaient en sombrant.

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