21 oct. 2015

AH BEN C'EST MALIN

Cher train-théâtre, quand tu m'as vue enlever mes chaussures pour apprivoiser la scène vendredi dernier, tu m'as prévenue que vue la peinture récente, j'allais garder les pieds coloriés pendant une semaine.

Et moi, quand je t'ai vu t'approcher avec ton avalanche de cadeaux, ton bouquet de fleurs à moitié volé, ton gâteau à la chataigne, ton very-big-experimental-toubifri-orchestra à dix-huit têtes toutes plus joyeuses les unes que les autres, ton Loic Lantoine par dessus tout ça, bras ouverts au milieu des cuivres éclatants, lançant ses mots comme des petites flèches que tu peux plus jamais faire semblant d'avoir pas entendu, quand je t'ai vu avec ton public aux milliers de petits yeux brillants dans le noir, comme des lucioles, eh ben je vais te dire, je me suis méfiée tout de suite. Je me suis dit : ah ben merde alors, ma petite, tu vas traverser ça et ça va faire comme une pluie dont on arrive plus jamais à se sécher. 

J'avais vu presque juste: c'était comme un orage, et je me souviens l'avoir traversé, trébuchant parfois d'émotion et de fatigue, venant jusqu'à vous ruisselante, et je me souviens des confidences recueillies après le concert, des cadeaux, des bisous de petites filles effrayées et gracieuses, et voilà, maintenant, pas moyen, non, pas moyen de me remettre de tout ça. J'ai donc les pieds coloriés et le coeur trempé. Ben bravo, Portes-Lés-Valences, hein, bravo train-théâtre, c'est malin.

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