Cher train-théâtre, quand tu m'as vue enlever mes chaussures pour
apprivoiser la scène vendredi dernier, tu m'as prévenue que vue la
peinture récente, j'allais garder les pieds coloriés pendant une
semaine.
Et moi, quand je t'ai vu t'approcher avec ton avalanche de
cadeaux, ton bouquet de fleurs à moitié volé, ton gâteau à la
chataigne, ton very-big-experimental-toubifri-orchestra à dix-huit têtes
toutes plus joyeuses les unes que les autres, ton Loic Lantoine par
dessus tout ça, bras ouverts au milieu
des cuivres éclatants, lançant ses mots comme des petites flèches que tu
peux plus jamais faire semblant d'avoir pas entendu, quand je t'ai vu
avec ton public aux milliers de petits yeux brillants dans le noir,
comme des lucioles, eh ben je vais te dire, je me suis méfiée tout de
suite. Je me suis dit : ah ben merde alors, ma petite, tu vas traverser
ça et ça va faire comme une pluie dont on arrive plus jamais à se
sécher.
J'avais vu presque juste: c'était comme un orage, et je me
souviens l'avoir traversé, trébuchant parfois d'émotion et de fatigue,
venant jusqu'à vous ruisselante, et je me souviens des confidences
recueillies après le concert, des cadeaux, des bisous de petites filles
effrayées et gracieuses, et voilà, maintenant, pas moyen, non, pas moyen
de me remettre de tout ça. J'ai donc les pieds coloriés et le coeur
trempé. Ben bravo, Portes-Lés-Valences, hein, bravo
train-théâtre, c'est malin.
21 oct. 2015
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