pour cet accueil à bras ouverts, la
nuit avec le vent chaud, la lumière douce, les miaulements des
petits chats, les moutons tout près, merci pour ce rêve raconté,
tenu depuis longtemps et devenu une grange abritant concerts, cuisine
maison, et, les jours de chance, une chauve souris, merci de m'avoir
invitée à promener mes chansons et mes sortilèges dans cet abri de
bois et de couleurs !
Merci à tous ceux qui sont venus, ceux
qui découvraient, ceux qui revenaient, ceux qui étaient même à la
Fête de l'Huma et qui en voulaient encore ! j'ai chanté presque
vingt chansons, chacune contenant des détours, des promesses, des
trésors déterrés, des choses qu'on laisse exister autour, dedans,
à travers, et c'est vraiment comme se mettre à nu, comme se laisser
voir, comme préparer un cadeau sans savoir s'il sera reçu ni
compris, mais en espérant très fort. Merci, merci, de l'avoir si
bien reçu, si bien attrapé. Au deuxième rappel, j'ai chanté ma
drôle de version de Suzanne, encore secouée des vagues de la
tristesse de la mort de Léonard Cohen, et puis je suis descendue,
petits pieds nus, décrocher les roses de mon revers pour les égréner
pas à pas, en chantant la dernière chanson, les derniers mots, la
chanson d'après, la chanson qui traverse, celle qui est aussi et
d'abord pour l'autre bord.
Le vent soufflait fort, on l'entendait
à travers le toit, vent chaud revenu de loin, calmé maintenant
après avoir hurlé beaucoup, il y a longtemps. A présent, à
présent.. les mots de la chanson, les pétales sur le sol, et puis
plus tard, la nuit près des herbes, le vent enveloppant, et ce mot
écrit sur l'ardoise, d'une des enfants, qui prêtait sa chambre. Le
matin, tous nous ont dit au revoir, à Tibô (qui s'occupe du son, et
de la régie) et à moi (qui m'occupe de raconter des trucs dans le
micro): trois enfants aux bouilles qu'on voudrait mordre, un chien,
un chat, un hamster, Mika et Marielle, épuisés et accueillants et
heureux, et un rêve devenu une grange vivante, au-revoir, au-revoir
tout ça, c'était bien de vous rencontrer tous !
Merci encore à tous ceux qui sont
venus, petits yeux attentifs et brillants dans le noir, histoires de
joie, de secousses, ou d'intimes, confiés au creux de l'oreille,
petits mots dans les albums, poèmes dans mes poches, et même
quelqu'un qui a pris un deuxième album en plus du sien, pour le
cacher quelque part, pour que quelqu'un le trouve, au hasard.
Merci, merci tous, je zigzague,
aujourd'hui, remplie de tout ça. J'ai retrouvé l'appartement, mon
chat qui passe tous les jours son diplôme de clown, et Paris calme
sous le même vent chaud. C'est la fatigue, et les souvenirs de la
nuit, qui me remplissent, des regards des moutons, des petits chats
de trois semaines qui se sont enfuis quand je les ai trouvés ce
matin, la mère me faisant face, pas agressive, mais questionnante:
qui es tu, qu'est ce que tu veux, elle disait, avec ses yeux.
et moi, je pensais : continuer comme
ça, à faire des chansons, à ce qu'elles soient reçues, à
rencontrer des créatures toutes plus étranges, douces et
attachantes les unes que les autres.
à bientôt, bientôt, Montcorbon !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire