est ce que vous avez écouté cette mixtape,
la merveilleuse mixtape du Festival
permanent x La Souterraine?
elle s'ouvre et elle se ferme avec
logique et surprise,
à l'intérieur il y a un virage très
beau
comme une note qui glisse avec le
violoncelle
ça devient plus grave
on tombe - on se laisse glisser
et surtout
à la fin
il y a un rappel
comme un post scriptum à la fin d'une
lettre
c'est souvent ce que je préfère
ce qui dépasse
ce qui se rajoute
Voilà comment Gaspar Claus, qui a donc
lancé le festival Permanent et les disques qui vont avec, présente
ce morceau final
(il faut savoir qu'en plus d'être un
violoncelliste absolument renversant,
Gaspar transforme régulièrement des
idées exaltantes et à priori impossibles, en occasions fluides,
faciles, extrêmement solaires, encore une fois, il n'y a plus qu'à
se glisser dedans
un alchimiste avec les matériaux qui
lui pleuvent directement dans les mains
il ne voit même pas comment il les
révèle - ce n'est pas du charbon qui devient de l'or
c'est qu'on s'aperçoit qu'on était distraits- que c'était de
l'or depuis le début
il faut par conséquent se pencher sur
sa musique et sur tout ce qu'il entreprend
avec la soif des personnages de Jack
London, celle des trésors et des aventures)
Voici donc comment Gaspar présente le
final de ce disque :
" Et pour finir, un pianiste
amoureux, perdu dans un village d’un pays très lointain, où
trainait un vieux piano. Un ami qui préfère voyager plutôt que de
jouer des concerts et enregistrer des disques alors qu’il est très
grand musicien. Ce jour là il a posé un petit enregistreur de
médiocre qualité à côté du piano… "
Une fois seulement avant ça, j'ai
entendu jouer Romain Bertheau, sur un clavecin.
C'était exactement comme ça :
poignant sans avoir besoin de rien prétendre, d'une beauté assez
difficile à décrire parce que simple et virtuose à la fois, et
surtout, parce c'était quelque chose de très insaisissable : un
cadeau - quelque chose qu'on savait qu'on entendrait rarement - une
beauté pas loin de la douleur, parce qu'il en avait fallu sans doute
pas mal pour la produire, et parce qu'elle allait s'évaporer
bientôt, parce qu'elle nous rappelait en même temps, ces deux
choses salutaires et insupportables : que la beauté existait, que
tout s'évaporait.
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