20 mai 2017

MONSTRES D'AMOUR


(ATTENTION JE POSTE ÇA UN JOUR EN RETARD - DONC LA DERNIÈRE A MAINS D'OEUVRES C'EST CE SOIR -  samedi 20 Mai - BISOUS MONTRUEUX )

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MONSTRES D'AMOUR, ça continue ce soir et demain. 
Le premier jour le feu a pris dans le théâtre, et le plafond gouttait. Hier il y avait tout autant de pluie et de bougies branlantes mais ça s'était déjà comme intégré, avalé par la bouche dévorante du spectacle.
Il faut que je le dise, peut-être, en même temps que je vous invite à venir, que c'est un spectacle remuant, d'une beauté très étrange, que de ce spectacle plein de gens sortent émus, et d'autres un peu secoués, voire retournés-retournés. Normalement retournés-retournés ça fait qu'on est remis en place mais parfois ça fait qu'on est juste deux fois plus retournés. Celà dit peut-être que c'était ça la vraie place.
C'est quand même un spectacle avec à la fois du texte et du boudin.
C'est un spectacle qui creuse dans les désirs, qui cherche jusqu'où ça va, cette envie de dévorer l'autre, cette envie de le garder pour soi, dans soi. ça parle de cannibalisme amoureux, métaphoriquement et aussi pas trop. Mais ça fait pas peur, en tout cas, moi, j'ai pas peur. Au contraire, à chaque fois ça me calme, ça me dit, regarde, si tu veux fouiller par là, aller voir dans l'horrible du bout de ce sentiment, vas y, fouille, ça fait ça. Alors?
A chaque fois qu'une limite passe ça me parle de la scène et de la vie en même temps. Mais oui, il faut le dire, c'est un spectacle qui pousse les limites, qui fait ça avec une tranquillité impressionnante, un spectacle qui remue du pied ce qui dépasse, et surtout, qui pose le corps sur la table, pas très loin d'une fourchette. 
Ma phrase préférée du spectacle c'est : "c'est l'histoire de la fille qui veut pas rendre le pompom dans le manège".
Il parle de ce sentiment que l'amour est à tout le monde sauf à soi. Il parle de pyjamas et d'envie de manger l'autre avec ses dents. C'est un spectacle cru, voilà, c'est ça le vrai mot du spectacle. Un spectacle beau et cru. 
Moi dedans je ne sais pas comment dire ce que j'y fais, tous les jours je vais dans les coulisses et je regarde Elisa et Rebecca se préparer, leur complicité du juste-avant, les cordes qui s'attachent, l'intensité de la traversée qui arrive, une chose à la fois artisanale et stupéfiante, parce que certains des matériaux du spectacle sont des cordes, des chaises, des draps, une culotte, du boudin, mais d'autres sont: du présent, du dire oui, du avoir-froid, du révéler ses sentiments à la seconde près.
Je les regarde, confondue dans le fauteuil léopard avec ma veste léopard, je leur dis qu'elles sont belles, que j'aime tous les moments du spectacle, que je ne pensais jamais être assez forte pour voir un truc qui s'appelle "MONSTRES D'AMOUR - (je vais te donner une bonne raison de crier)", et que maintenant d'une manière minuscule et surprenante je me retrouve glissée à l'intérieur, et que c'est bizarrement une des choses les plus douces que j'ai faites. Chanter autour des limites, autour de la douleur. C'est une performance de présent, un moment de précipice. 
Je vous raconte ça, parce que ça me transforme, ces quatre jours avec elles, et parce qu'il en reste deux. C'est à Main D'Oeuvres, ce soir et demain soir, à 19h30.

                         © Vinciane Verguethen 

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