Et c'est avec huit zèbres apprivoisés
que nous sommes rentrées à la maison.
Estelle, chevelure peuplée d'animaux
lumineux et de fables de renaissances; ses musiciens : Anna
armée de son violoncelle fougueux, Edouard de sa guitare gémissante,
Nico de sa batterie qui accepte grave, Gabriel avec ses baguettes
légères . Et moi, Demoiselle inconnue, un archet à la main,
une barbie dans la poche, du lait dégoulinant sur mes jambes et des
mots qui tombent de ma bouche.
C'est vous qui nous aviez portés là.
C'est Matthieu et ses lumières sur le
fil, trouvant le juste équilibre sur le trapèze, c'est Jimmy avec
ses oreilles de magicien et sa bienveillance à toute épreuve, ça a
été aussi William, Fred, Matthieu, tous venus nous sonoriser et nous
éclairer avec talent et patience. C'est Arthur et Alyona et Sacha,
rayures dehors et sourire dedans, qui nous ont accueillis, qui nous
ont laissé faire de ce lieu notre maison. Et puis c'est tout Astérios, toute une
constellation nous encourageant à pousser, éclore, et semer à tous
vents, nous, parfois trop distraites à fouiller le sol et le ciel à
la recherche de poèmes qui sans ça mourraient peut-être,
poèmes à tout le monde mais qu'il faut bien que quelqu'un prenne
dans sa bouche pour les réchauffer, pour qu'ils s'habituent au
monde, et pour les lui offrir, reconnaissantes, trop
distraites parfois pour s'y ancrer nous-même, pour se souvenir qu'il
faut maintenant donner un nom aux ailes et au vertige, et pour qui
brille, aperçue et d'un coup d'oeil la conscience et la force
revenues, la constellation de cette hydre bienveillante : Olivier,
Yann, Agathe, Laure, Victor, Ben, Antoine, Gaelle, Tina, Joanne,
Julie, Fanny, Clémence, Solène, Charles, Audrey, et Laeticia.
Et c'était vous, vous, reçus avec la
violence d'un cadeau espéré, vous, nous confiant un soir de vos
vies, l'embarquant avec nous dans ce bateau d'os et de peau, mêlés
et secoués dans la tempête d'un même ventre qui rit, tremble et
résonne.
Vos voix, à tous, ne s'éteignant
pas , éclairant la route, nous avons trouvé la maison. Nous avons
fermé doucement la porte, nous sommes évanouies sur le lit,
confiantes, entourées de la chaleur de nos huit zèbres, chacun
d'une couleur différente. Ils nous ont regardées nous endormir, ils
sont devenus petits petits, ils sont rentrés doucement dans nos
bouches, ils ont navigué jusqu'à la valise posée entre notre cœur
et nos oreilles, et ils se sont endormis là, où ils appartenaient.
Nous, on ne s'est pas réveillées, tout était calme, on a juste eu
un petit rire dans notre sommeil.
Merci Estelle Meyer, pour cette
rencontre éblouissante, ma compagne de voyage, éclairée et
éclairante, ma complice venue me faire rire dans les
loges à coups de soupe gluante et de cadeaux scintillants. Merci de
m'avoir télescopé de ton univers
éclatant, ruisselant de couleurs, d'un monde, oui, nouveau.
Merci encore, merci vous. Je n'en dis
pas plus, dedans, ça gigote, ça risquerait de se réveiller, et
puis, moi aussi, je suis censée dormir. On se voit vite, vite.
La Demoiselle inconnue
1 commentaire:
C'est beau et c'est miam miam de lire ces petits mots...youpi !
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