30 avr. 2015

HUIT ZÈBRES


     Et c'est avec huit zèbres apprivoisés que nous sommes rentrées à la maison.

    Estelle, chevelure peuplée d'animaux lumineux et de fables de renaissances; ses musiciens : Anna armée de son violoncelle fougueux, Edouard de sa guitare gémissante, Nico de sa batterie qui accepte grave, Gabriel avec ses baguettes légères . Et moi, Demoiselle inconnue, un archet à la main, une barbie dans la poche, du lait dégoulinant sur mes jambes et des mots qui tombent de ma bouche.
C'est vous qui nous aviez portés là. 

    C'est Matthieu et ses lumières sur le fil, trouvant le juste équilibre sur le trapèze, c'est Jimmy avec ses oreilles de magicien et sa bienveillance à toute épreuve, ça a été aussi William, Fred, Matthieu, tous venus nous sonoriser et nous éclairer avec talent et patience. C'est Arthur et Alyona et Sacha, rayures dehors et sourire dedans, qui nous ont accueillis, qui nous ont laissé faire de ce lieu notre maison. Et puis c'est tout Astérios, toute une constellation nous encourageant à pousser, éclore, et semer à tous vents, nous, parfois trop distraites à fouiller le sol et le ciel à la recherche de poèmes qui sans ça mourraient peut-être, poèmes à tout le monde mais qu'il faut bien que quelqu'un prenne dans sa bouche pour les réchauffer, pour qu'ils s'habituent au monde, et pour les lui offrir, reconnaissantes, trop distraites parfois pour s'y ancrer nous-même, pour se souvenir qu'il faut maintenant donner un nom aux ailes et au vertige, et pour qui brille, aperçue et d'un coup d'oeil la conscience et la force revenues, la constellation de cette hydre bienveillante : Olivier, Yann, Agathe, Laure, Victor, Ben, Antoine, Gaelle, Tina, Joanne, Julie, Fanny, Clémence, Solène, Charles, Audrey, et Laeticia.

     Et c'était vous, vous, reçus avec la violence d'un cadeau espéré, vous, nous confiant un soir de vos vies, l'embarquant avec nous dans ce bateau d'os et de peau, mêlés et secoués dans la tempête d'un même ventre qui rit, tremble et résonne.

     Vos voix, à tous, ne s'éteignant pas , éclairant la route, nous avons trouvé la maison. Nous avons fermé doucement la porte, nous sommes évanouies sur le lit, confiantes, entourées de la chaleur de nos huit zèbres, chacun d'une couleur différente. Ils nous ont regardées nous endormir, ils sont devenus petits petits, ils sont rentrés doucement dans nos bouches, ils ont navigué jusqu'à la valise posée entre notre cœur et nos oreilles, et ils se sont endormis là, où ils appartenaient. Nous, on ne s'est pas réveillées, tout était calme, on a juste eu un petit rire dans notre sommeil.

     Merci Estelle Meyer, pour cette rencontre éblouissante, ma compagne de voyage, éclairée et éclairante, ma complice venue me faire rire dans les loges à coups de soupe gluante et de cadeaux scintillants. Merci de m'avoir télescopé de ton univers éclatant, ruisselant de couleurs, d'un monde, oui, nouveau.

     Merci encore, merci vous. Je n'en dis pas plus, dedans, ça gigote, ça risquerait de se réveiller, et puis, moi aussi, je suis censée dormir. On se voit vite, vite. 

La Demoiselle inconnue 
 
 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est beau et c'est miam miam de lire ces petits mots...youpi !